Les sondages et prospections effectués au cours des années 70 du XXe siècle avaient révélé la présence d’objets de la fin de la période étrusque retrouvés en compagnie de ceux d’époque romaine et du haut moyen âge, particulièrement importants pour tenter de décrire le développement d’une ferme rurale entre l’époque hellénistique et l’Antiquité tardive. Cependant, depuis les premières études basées sur les données de fouille, il est apparu évident que les objets d’époque pré-romaine, étrusque et protohistorique se trouvent dans des séquences stratigraphiques différentes et avec des évidentes différences du point de vue de leur disposition sur les différentes strates : en effet si les fragments de céramique appartenant de manière générique à l’âge du bronze, très fragmentaires et aux surfaces délavées, se trouvent seulement dans les couches argileuses découpées pour la réalisation des fosses de fondation des murs, les objets étrusques sont au contraire présents dans les niveaux de dépôt de la phase productive du haut Moyen Age et se caractérisent par leur excellent état de conservation.
La réalité stratigraphique suggère donc de ne pas interpréter de la même façon ces découvertes, en les classant simplement dans une catégorie pré-romaine : en effet si les phases protohistoriques témoignent d’une présence effective –encore à définir- dans la zone où sera bâtie la villa, les objets étrusques semblent au contraire constituer des intrusions, transportés là depuis d’autres zones où ils étaient déposés à l’origine. Puisqu’ils se trouvent parmi les rebus et que nous savons que la villa, dans sa phase finale de fréquentation, fut utilisée comme siège d’ateliers productifs qui recyclaient des objets, il est probable qu’ils représentent ce qu’il reste de plus consistant quantitativement des objets funéraires trouvés dans des tombes des environs et apportées là pour être recyclés.
En effet, selon une analyse plus approfondie, le matériel récupéré est plutôt hétérogène : on trouve des vases à vernis noir del’atelier de Malacena (fin du IVe siècle av. J.-C.) et de la céramique de feu d’époque archaïque, une kelebe quasiment entière attribuable au Peintre de la Monaca (première moitié du IIIe siècle av. J.-C.), mais aussi de significatifs objets en bronze, comme le bout d’une épingle à cheveux en forme de roue à huit rayons (VIIIe-VIIe av. J.-C.), une fibule à arc simple et un étrier laminé (fin du VIIe – première moitié du VIe siècle av. J.-C.) et enfin un très intéressant sextant de la série ovale avec massue, de production ombrienne ou volsiniese (IIIe siècle av. J.-C.).
Giacomo e Sofia Baldini (directeurs techniques de la fouille de Torraccia di Chiusi)