Le complexe architectonique mis au jour jusqu’à présent est essentiellement composé de deux bâtiments principaux, réalisés à des époques successives. Deux « pavillons » principaux d’un complexe certainement plus étendu, auxquels sont venus s’adjoindre d’autres structures au cours de la dernière période d’utilisation résidentielle, au sud-est et au nord et nord-ouest.
L’état de conservation des structures, comme du reste également des dépôts archéologiques, est en corrélation avec l’horographie du site : une pente douce qui du nord descend vers le sud en direction du torrent Fosci. Tandis que dans la zone méridionale ce sont principalement les fondations des murs de la villa qui ont été conservées, dans la zone plus au nord les travaux de labour ont été moins profonds, permettant ainsi la conservation de structures en élévation de plus d’1m20. Au caractère monumental de la villa, d’une importance architectonique considérable, s’ajoute l’extraordinaire état de conservation de ses structures, qui, en Toscane, ne peuvent être comparées qu’avec le site tout proche de Volterra. Cela fait d’Aiano-Torraccia di Chiusi un site de première importance pour initier des études typologiques sur les murs, devant servir à la constitution d’un Atlas des techniques de construction, un instrument fondamental de datation.
Le développement des constructions
Le bâtiment le plus ancien découvert à ce jour s’étend dans la zone sud-est. Il s’agit d’un édifice quadrangulaire, composé d’une série de pièces qui ont ensuite été subdivisée au cours du temps. De cette partie, nous ne conservons pratiquement que les murs de fondation, réalisées avec des pierre de travertin simplement fendues ou sommairement dégrossies, disposées sur des rangées fondamentalement horizontales et parallèles. La structure appartient génériquement à une période postérieure au IIIe siècle ap. J.-C. du fait de la présence de céramique (terra sigilita tardo italica) dans le terrain dans lequel a été creusée la fosse de fondation.
Probablement au cours du IVe siècle ap. J.-C., un projet d’extension de la villa débuta. Il prévoyait la construction d’un nouveau « pavillon » dans la zone nord. La structure réalisée au cours de cette phase est constituée d’une salle centrale à 6 absides, entourée d’un ambulatio a cinq lobes, connectée au sud par un vestibule. La nouvelle aile de la villa fut cependant seulement entamée et seuls les murs de fondation du périmètre, techniquement très semblables à ceux du premier édifice, furent réalisés.
A quelques années de distance (entre la fin du IVe et le début du Ve siècle ap. J.-C.), le projet de construction du nouveau « pavillon » fut repris, en modifiant cependant de manière substantielle le dessin original. La structure primitive à 6 absides fut transformée en une structure trilobée, où chaque abside s’alternait avec des espaces quadrangulaires, construits à la place des trois autres absides d’origine qui furent démontées, certainement pour en récupérer les matériaux. La salle centrale avait probablement une structure plus élevée et vraisemblablement voutée : trois absides alternées à autant de pièces quadrangulaires complétaient le schéma planimétrique. Au pavement décoré en opus signinum correspondaient des murs au moins recouverts de plâtre. Par rapport au projet initial de la structure à 6 absides, nous sommes certainement en face d’un projet architectonique moins ambitieux au point de vue économique mais également structurel, ce qui constitue l’indice d’un changement de l’organisation socio-économique qu’il conviendra d’éclaircir.
Après une première transformation de la destination de la structure, documentée pour la seconde moitié du Ve siècle ap. J.-C., qui amènera la villa à jouer un rôle de production, à partir du VIe siècle ap. J.-C. commence la phase d’abandon. Des écroulements progressifs, certainement dus au manque de manutention mais peut-être aussi en partie à des évènements traumatisants, conduisent à une progressive défonctionalisation des volumes et à une nouvelle organisation des espaces. Les activités de productions qui s’y installent utilisèrent les structures à moitié démolies, vraisemblablement ajustées et réorganisées en fonction des nouvelles exigences, utilisant les matériaux périssables (par exemple des structures en bois, mais peut-être aussi des murs en terre). L’unique structure en murs solides réalisée, elle aussi liées aux nouvelles activités artisanales de la villa, sera construite au sud-est, implantée sur les structures désormais pratiquement écroulées de la villa.
Nadia Montevecchi (responsable de l’étude des structures bâties)